Publié le 02 juillet 2021 - Par Nicolas - Catégorie: Les radars en général
Quel intérêt pour les radars dans la politique de securité routière?

Quel intérêt pour les radars dans la politique de securité routière?

La Cour des comptes vient de publier un intéressant rapport sur l'évaluation de la politique publique de sécurité routière menée en France au cours des dernières années. Elle tente de comprendre pourquoi l'amélioration jusqu'alors continue des chiffres semble avoir atteint un plateau depuis 2013.

Un grande partie de ce rapport est évidemment consacrée aux contrôles automatisés qui sont devenus la pierre angulaire de cette politique depuis les années 2000.

La priorité accordée au comportement des usagers

En France, la sécurité routière est essentiellement basée sur le comportement des usagers de la route. Si ce levier reste pertinent, la mise en place d'autres moyens d'action, portant sur les véhicules, la signalisation et l'infrastructure est indispensable.

Cette orientation fondamentale basée sur le comportement s'est en plus très déséquilibrée depuis l'apparition des premiers radars automatiques en 2003 en ciblant essentiellement la vitesse.

L'interdiction de signaler des contrôles routiers est mise en place sur Waze, Coyote, etc

Entre 2008 et 2017, le nombre d’infractions à la vitesse relevé par radar a augmenté de 91 % pour finir par représenter 82 % du total des infractions. Dans le même temps, le nombre de verbalisations pour alcool au volant baissait de 20% et celle des équipement des utilisateurs de 54%!

Or, si la vitesse excessive est la première cause de mortalité, 43,5 % des décès sur la route interviennent dans un accident avec au moins un conducteur sous influence d’alcool ou de stupéfiants.

L'efficacité des radars automatiques

Le rapport estime que la politique de "déploiement du contrôle sanction automatisé a permis une diminution des vitesses pratiquées sur les routes de France".

Cette affirmation est basée sur les données de l'observatoire des vitesses de l'ONISR mais également sur une étude menée suite au mouvement des gilets jaunes.

Les dégradations massives de radars durant cette période ont libéré le comportement des conducteurs qui, confiants dans le faible risque d’être verbalisés, ont roulé plus vite. Dans les départements où les radars ont été le plus détruits, les excès de vitesse ont nettement plus progressé que dans ceux où il y a eu moins de dégradations.

Ces résultats suggère qu'en l'état, la poursuite de la politique radars est nécessaire, et que son relâchement entraînerait une augmentation du risque routier. Cela souligne également que le consentement aux limitations de vitesse est très imparfait et qu'un effort de pédagogie pour prévenir le risque lié à ce facteur est plus que jamais nécessaire.

Si la présence de radars semble donc permettre une diminution des vitesses pratiquées, il est impossible de "quantifier le nombre de vies humaines directement épargnées de ce fait, compte tenu de l'intrication des facteurs en jeu dans un accident mortel".

En effet, une étude sur le nombre de facteurs en jeu dans les accidents mortels montre que moins de 10% de ceux-ci ne porte que sur une seule cause. Dans presque la moitié des cas, au moins quatre facteurs rentrent en jeu!

Distribution du nombre de facteurs en jeu dans les accidents mortels

facteurs en jeu dans les accidents mortels

Le rapport en conclu que "la priorité accordée aux contrôles automatisés doit s'accompagner d'une clarification du volume, des modalités et des objectifs de ces outils et d'une concertation accrue sur leur implantation avec les collectivités territoriales".

Des forces de l'ordre plus présentes

Le développement des contrôles automatisés a entrainé une diminution très sensible de l'implication des forces de sécurité intérieure (FSI) dans la politique de sécurité routière. Une évolution qui est appelée à se poursuivre compte tenu du transfert en cours de radars embarqués des véhicules de police et gendarmerie vers des véhicules confiés à des sociétés privées.

controle police

Entre 2008 et 2018, le nombre de contrôles organisés par les FSI a diminué de 50%, le tout s'accompagnant d'une diminution quasi identique des effectifs des équipes consacrée à la sécurité routière. Une baisse un peu moins marquée pour les unités CRS spécialisées dans la surveillance autoroutière et pour les unités motocyclistes zonales.

Le rapport estime que la diminution de la présence des FSI sur le bord des routes et dans les flux de circulation doit désormais être enrayée puisque cette visibilité est un élément essentiel pour la sécurité routière, mêlant dissuasion et prévention.

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